Sobriété énergétique : de quoi parle-t-on ?
Petite tentative de définition, illustrée d’exemples concrets, histoire d’avoir les idées claires avant d’aller plus loin.
La sobriété énergétique est une démarche qui vise à réduire les consommations d’énergie par des changements de comportement, de mode de vie et d’organisation collective (par exemples : moindre usage de la voiture, alimentation plus locale et de meilleure qualité, etc.).
Il faut bien comprendre qu’ici, on ne parle pas de retour à la bougie, de régression ou de privation, mais simplement de réévaluer la vraie nature de nos besoins.
Attention, ne faites plus la confusion : la sobriété énergétique se distingue de l’efficacité énergétique, qui elle fait appel exclusivement à des technologies permettant de réduire les consommations d’énergie à l’échelle d’un objet ou d’un système donné (ex : véhicule moins consommateur de carburant, bâtiment rénové, etc.). La sobriété énergétique, c’est de l’action individuelle (« je me déplace à vélo ») ou collective (« je fais réparer mes appareils électriques dans un repair café », alors que l’efficacité énergétique relève uniquement de la technologie (« je choisis un réfrigérateur performant de classe A »)
Réduction volontaire et organisée
Une société engagée dans la sobriété énergétique modifie ses normes sociales, ses besoins individuels et ses imaginaires collectifs au profit d’une réduction volontaire et organisée des consommations d’énergie, et participe en ce sens à une amélioration générale de la qualité de vie des populations. Souvenez-vous : il ne s’agit pas d’un retour à la bougie forcée mais bien d’une démarche volontaire de réévaluation de nos besoins.
LES 4 NIVEAUX DE LA SOBRIÉTÉ
1/ La sobriété structurelle
Elle consiste à favoriser la modération de nos consommations par une organisation collective incitative.
Par exemple : revoir l’aménagement d’un territoire pour limiter les déplacements de ses habitants, développer les réseaux de transports en commun, les pistes cyclables.
Une idée d’action en tant que citoyen·ne : utiliser le plus souvent possible les infrastructures, les équipements qui sont mis à notre disposition.
2/ La sobriété dimensionnelle
Elle vise à revisiter nos besoins pour éviter de s’équiper avec des équipements surdimensionnés. Par exemple : l’utilisation d’un 4×4 quand on habite en ville, l’achat d’un gros réfrigérateur américain quand on est seul(e).
Une idée d’action en tant que citoyen·ne : Ajuster au mieux nos équipements à nos besoins et à notre foyer. Par exemple, ne pas avoir un écran de télévision géant quand on habite dans un petit logement.
3/ La sobriété d’usage
Elle vise à limiter le niveau et la durée d’utilisation de nos équipements.
Par exemple : Ne pas laisser les appareils en veille, limiter la température dans les habitations, éviter l’utilisation de la voiture dans les déplacements courts…
Une idée d’action en tant que citoyen·ne : traquer les gaspillages d’énergie au quotidien en installant des multiprises à interrupteur, afin de ne pas laisser les appareils en veille.
4/ La sobriété coopérative (conviviale)
Elle consiste à mettre en place des organisations collectives et à mutualiser nos biens.
Par exemple : partage d’outils dans les bricothèques, réparation d’objets dans des Repair Café, organisation de prêt de matériel entre voisins, famille, amis…
Une idée d’action en tant que citoyen·ne : Réparer ou faire réparer notre matériel en panne au lieu d’en changer systématiquement. Trouver de petits réparateurs autour de chez soi. Pensez au Repair Café.
Bon, d’accord… mais pourquoi tout ça ?
Pour bien agir, il vaut mieux comprendre à quoi ça sert… Voilà donc quelques bonnes raisons d’adopter un mode de vie plus sobre :
- Se préparer à une contrainte énergétique durable (finitude des ressources énergétiques fossiles) ou temporaire (choc pétrolier, défaut dans une centrale nucléaire…).
- S’adapter à une future offre énergétique entièrement renouvelable;
- Répartir plus équitablement l’énergie disponible;
- Être acteur de la transition énergétique;
- Renforcer la capacité d’adaptation (résilience) des territoires et de leurs populations. Construire un modèle économique et social soutenable;
- Protéger l’environnement;
- Et, quand même, on peut se l’avouer, pour faire des économies ! L’énergie la moins chère est celle qu’on ne consomme pas !
Allez, on vous laisse le temps de digérer tout ça ! La prochaine fois, nous ferons un zoom sur la sobriété dimensionnelle.
- L’enquête de Reporterre sur la sobriété, en 4 volets (2021)
- Bourg D., Roche P. (dir.), Sobriété volontaire. En quête de nouveaux modes de vie, Editions Labor et Fides, 2012
- Rabhi, P., Vers la sobriété heureuse, Actes Sud, 2010
- Salomon T., Jedliczka M., Marignac Y., Manifeste Négawatt : En route pour la transition énergétique !, Actes Sud, 2015
- Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, Panorama sur la notion de sobriété, 52.p. ,2019
- Association négaWatt, La sobriété énergétique, pour une société plus juste et plus durable, 12.p., 2018
- Laboratoire de l’ESS, Sobriété énergétique, 60.p.p, 2018
- Barbara Nicoloso, Petit Traité de sobriété énergétique, Editions Charles Léopold Mayer
Des idées pour agir seul(e) ou en famille :
- Jérémie Pichon, Bénédicte Moret, beaucoup, beaucoup d’idées, d’astuces, d’articles Famille zéro déchet et le petit dernier Famille en transition écologique
- Un site internet truffé de bonnes idées : https://planetezerodechet.fr/